Mercredi 5 septembre 2001 Strada degli Alpini La seconde partie de l'anneau : la STRADA DEGLI ALPINI semble nous échapper; la neige est tombée, tout est blanc à l'extérieur et le vent souffle en méchantes rafales. Nous évoquons avec le gardien les descentes possibles par sentiers vers le Nord ou le Sud et les moyens de retrouver notre voiture au refuge LUNELLI. Notre aimable interlocuteur nous convainc que la via ferrata ne sera qu'une formalité; d'ailleurs dit-il, le soleil brille et la neige ne nous opposera pas de difficulté dans la vire conduisant au PASSO DELLA SENTINELLA, car une galerie existe. Ah bon ? Nous n'avions pas connaissance de la chose.
 | Refuge Carducci |
En avant donc. Nos pieds font floc-floc dans les chaussures trempées, nos habits humides sont délicieusement agréables, mais puisque ce ne sera qu'une formalité… Nous nous dirigeons vers la forcella GIRALBA et apercevons devant nous un groupe de trois montagnards venant du refuge COMICI. Il faut parfois s'arc-bouter pour résister aux assauts furieux d' Eole. Nous gagnons facilement la fameuse vire de la SPADA qui, tournant en épingle à cheveux est fort spectaculaire.
 | Vire de la Spada |
Longue remontée dans les éboulis jusqu'à 2.600 m. afin de gagner le PASSO UNDICI (Undici signifie onze, la cime de Onze heure dominant le lieu). Tiens ! nos trois gars reviennent sur leurs pas : de leur sabir anglo-germain (et plus germain qu'anglo…) nous comprenons que ça ne passerait pas, la ferrata est couverte de neige, le câble est invisible, bref impossible de continuer; ils font demi-tour vers leur refuge d'origine. Impossible ? faut aller voir ça de plus près. Le sentier est recouvert d'une corniche neigeuse semblant sans risque; nous nous y engageons jusqu'au moment où la neige s'incline vers le vide. 
| Strada degli Alpini |
Le câble apparaît une vingtaine de mètres plus loin;la corde est sortie du sac, nous continuerons assurés, franchissant ainsi des passages délicats, nos mains suppléant à l'absence de piolets et retrouvons par moments le câble couvert de glace; les rochers sont encombrés de stalactites sous les surplombs, nos casques ne sont pas inutiles. Mais où est donc cette galerie ? Nib de berf ! Derrière nous, nous voyons au loin trois personnes : non, ce ne sont pas les précédents, leur stature est différente. L'aventure nous plaît, nous savons maintenant que nous franchirons cette via ferrata aux conditions originales. Après une erreur d'itinéraire qui nous conduit dans un passage un peu scabreux nous faisons demi-tour, grimpons une raide pente toujours en neige pour constater que nos suivants sont devenus nos précédents grâce à cette erreur. Qu'importe ! dix mètres plus loin nous sommes au col de la SENTINELLA balayé par un vent violent. Les trois montagnards qui s'avèrent être allemands nous sautent dans les bras, nous remerciant manifestement de leur avoir ouvert la voie. 
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| Col Sentinella | Au fond, le refuge Berti |
Le temps de nous décorder, nous désaltérer, nous alimenter d'une barre de céréales et nous attaquons la raide descente sur un pierrier heureusement sans neige. Suit une longue moraine toujours ventée, puis un sentier tranquille nous ramène au refuge BERTI. La boucle est bouclée, nous saluons notre exploit (!) d'un thé brûlant. L'anneau du POPERA nous aura demandé quelque 16 heures en deux jours. Il nous semble insensé que certains littérateurs suggèrent de le faire dans une seule journée. Même avec de bonne conditions, même en étant très rapides, il faudrait une douzaine d'heures, sans arrêt, sans rien voir et … sans plaisir, en étant à la merci d'un incident quelconque qui contraindrait au bivouac.
© Gérard Nuvoloni 25/05/02 |